Perrine, Cheffe de Projet R&D, partage son parcours ainsi que son ressenti en tant que femme évoluant dans le domaine des sciences.
Peux-tu te présenter en quelques mots ?
Je m’appelle Perrine Bordes, et je suis cheffe de projet développement chez TRICOFLEX.
Après l’obtention de mon diplôme d’ingénieur en Matériaux et Procédés de l’ENSIACET* de Toulouse, j’ai fait une thèse dans un laboratoire de l’ECPM**. Mais ma passion pour les polymères, je l’ai découverte bien avant, en validant mon DUT***en Mesures Physiques.
Qu’as-tu fait après ta thèse ?
J’ai intégré Adventagri, une startup dont l’objectif était la valorisation des agro-ressources, et notamment des produits et sous-produits de la féculerie d’Haussimont (51).
L’objectif était de développer des solutions innovantes et à plus forte valeur ajoutée que les débouchés classiques du secteur agroalimentaire.
Dans ce contexte, j’ai travaillé sur le développement de produits retardateurs de flamme, et en particulier d’un produit de lutte contre les feux de forêts, naturel et biodégradable, à base de fécule de pomme de terre. Mon rôle consistait à démontrer l’efficacité du produit par le biais d’essais sur le terrain en collaboration avec les SDIS et la Sécurité Civile.
À la suite de cette expérience, j’ai intégré TRICOFLEX en tant que cheffe de projet, où je travaille désormais depuis 12 ans.
Peux-tu nous expliquer ton métier de Cheffe de Projet ?
En tant que cheffe de projets au sein de TRICOFLEX, je travaille sur la conception de tuyaux dotés de nouvelles fonctionnalités ou répondant aux cahiers des charges de nos clients. L’étape de conception englobe entre autres le dimensionnement du produit, le choix des matières et du renfort mais prend en compte aussi son industrialisation.
Mon rôle comprend aussi la veille et le respect des réglementations relatives aux matières premières -REACH**** notamment- et aux produits finis. En effet, je prends en charge des projets impliquant des normes régissant le contact alimentaire ou l’eau potable. Je suis alors amenée à collaborer avec le service qualité pour l’émission de certificats de conformité.
Je suis également responsable du laboratoire. Je supervise une équipe de deux personnes qui est chargée du contrôle qualité des productions mais aussi de la réalisation de tests en support au service développement.
Perrine, Christophe et Jean Paul, dans le laboratoire.
Collabores-tu avec d’autres services ?
Je travaille avec l’équipe commerciale afin d’assurer le support technique. Une coordination étroite avec la production est primordiale, que ce soit pour la planification et la réalisation des prototypes, ou lors de la mise en production des nouveaux tuyaux. Je collabore également avec le service achats, pour l’approvisionnement des matières.
Tu es une femme Cheffe de Projet et Responsable de Laboratoire, as-tu rencontré des difficultés liées à ton genre ?
Non, lors de mon arrivée, j’ai ressenti de la bienveillance de la part de mes collègues et de mes collaborateurs.
Selon moi, être une femme constitue plutôt un atout. En effet, je pense apporter une perspective et des compétences complémentaires à celles d’un manager masculin.
Bien entendu, il arrive qu’on ressente des préjugés en tant que femme manager. Cependant, cela ne me pose pas de problème majeur. C’est une réalité et il faut alors adapter sa communication pour faire en sorte que tout se passe bien.
As-tu des conseils à donner aux personnes qui aimeraient exercer ton métier ?
Outre les compétences techniques, les qualités essentielles pour réussir dans ce domaine sont : la curiosité, la rigueur, la ténacité et le pragmatisme ; il faut aussi être force de proposition et savoir s’adapter aux situations qui se présentent.
Dans mon métier, l’anglais est obligatoire, et la maitrise d’autres langues étrangères est un plus. En effet, je suis amenée à consulter la littérature scientifique, exclusivement en anglais, à fréquenter des salons internationaux et à communiquer avec des fournisseurs ou prestataires étrangers. Enfin, l’écoute et la communication, notamment dans des contextes managériaux, me paraissent également importantes pour exceller dans ce métier.
Quel métier te faisait rêver quand tu étais plus jeune ?
La chimie m’a toujours intéressée, dès le collège j’ai été passionnée par cette matière.
Il est possible que mon orientation vers le domaine technique ait été influencée par mon entourage familial. En effet, mon oncle travaillait dans le secteur des matières plastiques, un domaine qui l’amenait à voyager fréquemment ; et j’ai toujours considéré son métier comme fascinant.
As-tu une citation ou un dicton préféré ?
« A cœur vaillant rien d’impossible, mais à l’impossible nul n’est tenu »
Mon approche professionnelle est caractérisée par ma détermination et ma ténacité. Cependant, je suis également consciente que malgré toute ma volonté et les ressources que l’on peut déployer, certaines situations ne trouveront pas de solution viable. Cette citation reflète la réalité pragmatique qui guide mon engagement professionnel.
Si tu étais sur une ile déserte, que prendrais tu avec toi ?
Tout d’abord je prendrais de quoi pratiquer du sport. Je prendrais peut-être un livre de survie et un couteau pour pouvoir me débrouiller.
Le sport semble être quelque chose d’important pour toi, n’est-ce pas ?
Oui, beaucoup, j’en ai besoin. Je fais de la natation depuis que je suis jeune. J’ai pratiqué aussi le triathlon, mais j’ai dû arrêter par manque de temps.
As-tu un message à faire passer ?
Il est possible d’être une femme et d’être cheffe de projet en industrie, d’allier vie professionnelle et vie personnelle. On entend beaucoup parler du manque d’attrait des jeunes filles pour les sciences et l’industrie, il est essentiel de souligner qu’elles sont bel et bien présentes et motivées !
Je suis sensible à cela, c’est pourquoi, quand l’opportunité se présente, j’aime intervenir lors de journées d’information dans des lycées et des écoles d’ingénieurs. J’ai déjà eu l’occasion de le faire, et j’ai grandement apprécié cette expérience.
Contribuer à changer les perceptions, et encourager les jeunes filles à envisager des carrières dans les sciences et l’industrie est important.
- ENSIACET* : École Nationale Supérieure des Ingénieurs en Arts Chimiques et Technologiques
- ECPM** : École européenne de chimie, polymères et matériaux de Strasbourg
- DUT*** : Diplôme Universitaire de Technologie
- REACH**** : règlement de l’Union européenne adopté pour mieux protéger la santé humaine et l’environnement contre les risques liés aux substances chimiques.